Le nombre de naissances en France a atteint un niveau historiquement bas en 2023, passant sous la barre des 700 000 nouveau-nés. Selon une étude publiée le 14 novembre par l’Insee, cette baisse s’inscrit dans une tendance durable observée à l’échelle européenne.
Une baisse inédite depuis la fin du baby-boom
En 2023, 677 800 bébés sont nés en France, marquant une baisse de 6,6% par rapport à 2022. L’Insee souligne qu’il s’agit de la diminution la plus importante depuis la fin du baby-boom dans les années 1970. Ce recul s’explique notamment par une augmentation de l’espérance de vie, mais aussi par des facteurs sociétaux tels que les préoccupations économiques, environnementales et géopolitiques.
La tendance devrait se poursuivre en 2024, le début de l’année enregistrant déjà une baisse de 2,7% des naissances. Depuis 2010, la France a connu une chute de 19,8% des naissances (hors Mayotte), avec une seule exception en 2021, où un léger rebond avait été constaté, probablement en lien avec les confinements.
Un recul marqué de la fécondité
Bien que le nombre de femmes en âge de procréer (15-49 ans) reste stable depuis 2015, la fécondité continue de reculer. En moyenne, chaque femme donne naissance à 1,68 enfant en 2023, contre plus de deux en 2010. Ce phénomène touche toutes les catégories d’âge, y compris les femmes de 35 ans et plus, qui enregistraient auparavant une hausse de leurs taux de natalité. En 2023, la baisse est particulièrement marquée chez les femmes âgées de 25 à 34 ans : -7,4% pour les 25-29 ans et -8,6% pour les 30-34 ans.
Des disparités territoriales marquées
Le recul des naissances varie selon les territoires. Les zones rurales, notamment les communes périurbaines, sont les plus touchées, avec une baisse de 9,1% par rapport à 2022. En comparaison, les grandes villes, qui concentrent 45% des naissances, enregistrent une diminution moins marquée, à 5%. Les départements d’outre-mer sont relativement épargnés, avec une baisse limitée à 3%.
Une tendance européenne
La France n’échappe pas à une dynamique observée dans toute l’Europe. En 2023, l’Union européenne a compté 3,7 millions de naissances, soit une baisse de 5,5% par rapport à l’année précédente. Entre 2019 et 2023, le nombre de naissances a chuté de 12% à l’échelle européenne, contre 10% en France. Cette diminution est majoritairement due à une baisse de la fécondité dans les pays du Nord de l’Europe, tandis que les pays du Sud et de l’Est subissent également une réduction du nombre de femmes en âge de procréer.
Les pays de l’Est, comme la Bulgarie, la Hongrie ou la Pologne, enregistrent les plus fortes baisses, avec une chute de 9,3% entre 2022 et 2023, soit près de trois points de plus qu’en France.
Un défi démographique
Face à cette situation, le président Emmanuel Macron a appelé à un « réarmement démographique », une proposition qui a suscité des débats, notamment dans les milieux féministes et à gauche, qui y voient une volonté de contrôle sur le corps des femmes. La baisse durable de la natalité pose de nouveaux défis pour l’avenir démographique et économique de la France et de l’Europe.