Budget 2025 : le gouvernement fléchit face aux pressions du Medef

budget France 2025

Le ministre du Budget, Laurent Saint-Martin, a annoncé dimanche 17 novembre être prêt à limiter la réduction des exonérations de cotisations patronales à seulement 2 milliards d’euros, soit la moitié des 4 milliards initialement prévus. Cette concession intervient après une intense campagne du Medef, dont le président, Patrick Martin, milite pour que la charge financière soit transférée aux salariés plutôt qu’aux employeurs.

Les exonérations de cotisations patronales au cœur des débats

En dix ans, les exonérations de cotisations patronales ont doublé, atteignant aujourd’hui près de 80 milliards d’euros. Alors que le gouvernement prévoit des coupes budgétaires de 40 milliards d’euros, affectant les services publics et les droits sociaux, il avait initialement promis une réduction de 4 milliards d’euros sur ces exonérations comme effort face au déficit. Mais sous la pression du patronat, l’exécutif semble reculer, annonçant une réduction limitée à 2 milliards.

Les salariés en ligne de mire

La veille, dans une interview accordée au Parisien, Patrick Martin avait critiqué la hausse présumée du coût du travail, combinant plusieurs mesures budgétaires pour appuyer ses propos :

  • 4 milliards d’euros de réduction des exonérations de charges,
  • 2,5 milliards d’euros de transfert de l’assurance maladie aux complémentaires santé,
  • 1,5 milliard d’euros d’économies sur les aides à l’apprentissage.

Selon lui, ces ajustements représenteraient un coût équivalant aux salaires annuels de 300 000 emplois, une affirmation visant à renforcer la pression sur le gouvernement. Pourtant, Patrick Martin omet de mentionner les près de 200 milliards d’euros d’aides publiques accordées sans conditions aux entreprises ou encore les 100 milliards reversés aux actionnaires des entreprises du CAC 40 en 2023.

La « TVA sociale », une solution controversée

Parmi les propositions avancées par le Medef figure l’idée d’une « TVA sociale », une taxe largement critiquée pour son impact disproportionné sur les ménages les plus modestes. En effet, les 10 % les plus modestes consacrent 12 % de leur revenu à cette taxe, contre seulement 5 % pour les 10 % les plus aisés, comme l’a rappelé le député communiste Stéphane Peu.

Si le ministre du Budget rejette pour l’instant cette option, d’autres idées visant à faire peser la charge sur les salariés continuent de circuler. Antoine Armand, ministre de l’Économie et des Finances, a évoqué début novembre la nécessité de « réduire » l’impact des cotisations patronales sur les bas salaires, suggérant que des efforts pourraient être demandés ailleurs, notamment sur la durée du travail.

Travailler plus pour financer la protection sociale ?

Laurent Saint-Martin a confirmé cette perspective dimanche, se déclarant favorable à la proposition du Sénat d’imposer 7 heures de travail supplémentaires par an, non rémunérées, pour financer la Sécurité sociale. Cette déclaration s’inscrit dans un discours plus large affirmant que les actifs ne travaillent pas assez pour maintenir le système de protection sociale.

Une ligne dure du patronat

Malgré ces concessions, Patrick Martin a averti qu’il n’acceptera aucune demi-mesure. Le patron du Medef refuse toute contribution supplémentaire des entreprises, réaffirmant son opposition à toute hausse des charges patronales, même marginale.

Un bras de fer qui laisse les salariés en première ligne

Alors que le gouvernement cherche à équilibrer les contraintes budgétaires, la pression exercée par le patronat semble peser lourdement dans la balance, laissant entrevoir un transfert des efforts financiers vers les ménages et les salariés. Ce recul illustre les tensions persistantes entre impératifs budgétaires, revendications patronales et défense des droits sociaux.

S'abonner à la newsletter