L’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis en 2024 provoque des inquiétudes pour l’économie française et européenne. Son programme protectionniste pourrait accentuer les tensions commerciales et affecter les exportations françaises.
La politique douanière de Trump : une menace pour l’Europe
L’une des promesses de campagne de Trump est de réinstaurer des droits de douane sur les produits européens, entre 10 et 20 %, touchant potentiellement l’ensemble des exportations, au-delà des taxes déjà imposées sur l’acier et l’aluminium en 2016. « Cela constituerait un coup dur pour l’Europe et la France », estime Sylvain Bersinger, économiste au cabinet Asteres. En 2023, la France a exporté pour 45 milliards d’euros vers les États-Unis, qui restent son quatrième partenaire commercial. Une réponse similaire de l’Europe, surtout sous l’impulsion de l’Allemagne, grande exportatrice aux États-Unis, est envisageable. Cependant, les intérêts divergents entre la France et l’Allemagne, notamment en termes de balance commerciale, risquent de créer des tensions au sein de l’Union européenne.
Un impact sur les consommateurs américains
Cependant, une hausse des tarifs douaniers aux États-Unis ne serait pas sans conséquences pour les Américains eux-mêmes. La spécialiste Stéphanie Villers rappelle que les taxes sur les produits importés risqueraient d’augmenter les prix pour les consommateurs. Après une élection marquée par les critiques envers Biden à cause de l’inflation, Trump pourrait hésiter à prendre une mesure impopulaire sur le plan intérieur.
Budget et spéculation : des risques pour l’économie mondiale
Les projets budgétaires de Trump, centrés sur des dépenses élevées, pourraient toutefois soutenir la consommation et les exportations, une possible bonne nouvelle pour l’Europe à court terme. Néanmoins, à plus long terme, la volonté de Trump de baisser les taux d’intérêt pourrait entraîner des risques de spéculation et de créer une bulle économique, similaire à celle des subprimes de 2008.
La politique internationale : vers un protectionnisme européen ?
Sur le plan international, la politique protectionniste de Trump pourrait favoriser une évolution similaire en Europe, notamment vis-à-vis de la Chine, avec qui l’Union européenne a déjà entamé un processus de hausse des droits de douane. « Trump pourrait agir comme un catalyseur pour une politique de rétorsion européenne en ligne avec le protectionnisme américain », note Stéphanie Villers, évoquant une possible « démondialisation » qui encouragerait la production locale.
Vers une Europe plus indépendante ?
Enfin, le retour de Trump pourrait pousser l’Europe à renforcer son autonomie économique et militaire. Cependant, Philippe Crevel souligne les défis liés à cette indépendance, notamment la hausse des dépenses militaires face à une Russie toujours influente. De plus, le retour du protectionnisme mondial risque de ralentir la croissance et de renforcer les tensions internationales, un schéma rarement bénéfique pour la stabilité économique mondiale.