Les médicaments anti-rhume contenant de la pseudo-éphédrine, comme Actifed, Dolirhume, Rhinadvil et Humex, pourraient bientôt ne plus être disponibles sans ordonnance en France. L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) envisage de restreindre leur accès, mettant en avant leurs risques graves, bien que rares, tels que les AVC et les infarctus.
Vers un retrait de la vente libre
Ces médicaments, populaires pour décongestionner le nez et soulager les symptômes du rhume, sont depuis longtemps critiqués par les autorités sanitaires. Jeudi, l’ANSM a déclaré que leur disponibilité sans prescription médicale « n’est plus adaptée ». L’agence envisage de les « lister », ce qui empêcherait leur vente libre immédiate en pharmacie.
Les traitements concernés incluent des formes orales disponibles sans ordonnance et des sprays nasaux prescrits par un médecin. Ils sont utilisés largement en hiver pour traiter des symptômes bénins comme le nez bouché.
Des risques graves pour des bénéfices limités
La pseudo-éphédrine, molécule commune à ces médicaments, est accusée de provoquer des effets secondaires graves, bien que rares, comme des accidents vasculaires cérébraux et des infarctus. L’ANSM estime que ces risques sont disproportionnés au regard des bénéfices modestes, puisque ces médicaments traitent une maladie sans gravité : le rhume.
En 2023, l’agence avait déjà déconseillé explicitement leur utilisation, entraînant une baisse temporaire des ventes. Mais depuis septembre, elles repartent à la hausse, une tendance jugée préoccupante à l’approche de l’hiver.
Les limites de l’interdiction
Pourquoi ces médicaments ne sont-ils pas purement et simplement interdits ? L’ANSM souligne que cette décision dépend de l’Agence européenne des médicaments (EMA). En 2022, l’EMA avait estimé que les risques ne justifiaient pas une interdiction totale, bien qu’elle ait imposé des contre-indications supplémentaires. Selon l’agence européenne, les effets secondaires graves signalés restent extrêmement rares, et aucun décès n’a été rapporté en France.
Cependant, les autorités françaises jugent ce risque inacceptable au vu du caractère mineur de la maladie qu’ils traitent. Cette position est soutenue par plusieurs sociétés savantes françaises, comme celles des médecins généralistes et des ORL, qui s’opposent fermement à l’usage de ces médicaments.
Des pharmaciens partagés
Si la mesure est bien accueillie par de nombreux professionnels de santé, elle soulève des critiques du côté des pharmaciens. Ces derniers s’inquiètent de ne plus pouvoir répondre aux besoins des patients dans un contexte où obtenir un rendez-vous médical est déjà compliqué.
« Cela va devenir difficile pour nous de proposer des solutions aux patients enrhumés, surtout quand ils n’ont pas de médecin », déplore Béatrice Clairaz-Mahiou, coprésidente de la SFSPO, dans le Quotidien du Pharmacien.
Une réaction tardive selon certains
Pour d’autres, les autorités sanitaires auraient dû agir plus rapidement. La revue indépendante Prescrire estime que ces médicaments auraient déjà dû être retirés du marché. Elle dénonce une « occasion ratée de protéger les patients », reprochant aux soignants de perdre du temps à déconseiller des traitements inutiles.
Conclusion : un tournant pour les anti-rhume
Si la restriction de ces médicaments se concrétise, cela marquera une nouvelle étape dans la régulation de l’automédication en France. Une décision qui reflète une priorité donnée à la sécurité des patients, au détriment d’une solution pratique mais controversée.