Un contraste frappant dans les approches économiques. Alors que le Sénat français adopte un amendement visant à augmenter le temps de travail pour renflouer les caisses de l’État, la Chine fait un pari inverse en accordant à sa population deux jours fériés supplémentaires. Deux stratégies diamétralement opposées, mais avec un objectif commun : augmenter les recettes publiques.
En France, travailler plus pour financer la Sécurité sociale
Dans le cadre du Projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), le Sénat a voté un amendement qui impose aux Français sept heures de travail supplémentaires par an, non rémunérées. Inspirée de la journée de solidarité instaurée en 2004, cette mesure vise à générer des recettes pérennes estimées à 2,5 milliards d’euros, destinées à financer la branche autonomie de la Sécurité sociale. Ce fonds soutient les dépenses croissantes liées à l’aide aux personnes âgées dépendantes et aux personnes en situation de handicap, un enjeu majeur dans un contexte de vieillissement de la population.
L’amendement, porté par la sénatrice Élisabeth Doineau, propose également de doubler la contribution des employeurs à la solidarité pour l’autonomie, la faisant passer de 0,3 % à 0,6 %. Cette mesure trouve un écho favorable auprès du Medef, qui milite pour une augmentation du temps de travail, ainsi que chez certains responsables politiques, tels que Jean-François Copé, qui suggère de supprimer un jour férié pour accroître la productivité.
Cependant, cette proposition a suscité une forte opposition de la part des syndicats, de la gauche et du Rassemblement national. Même au sein du gouvernement, des réserves se font entendre. Laurent Saint-Martin, ministre du Budget, a exprimé son scepticisme tout en laissant la porte ouverte à des discussions avec les partenaires sociaux. Le texte doit encore être débattu en Commission mixte paritaire (CMP) et à l’Assemblée nationale, où son adoption est loin d’être assurée.
En Chine, plus de jours fériés pour stimuler la consommation
À l’opposé, la Chine adopte une approche radicalement différente. Le Premier ministre chinois, Li Qiang, a signé un décret offrant deux jours fériés supplémentaires à la population : la veille du Nouvel An chinois, le 29 janvier, et le 2 mai, qui vient compléter le jour férié du 1er mai pour créer un long week-end. Ainsi, les Chinois bénéficieraient désormais de 13 jours fériés annuels, contre 11 en France.
Cependant, cette apparente générosité n’est pas sans contrepartie. En Chine, les jours fériés non travaillés doivent être rattrapés, ce qui permet au gouvernement d’allonger les périodes de congés sans réduire la productivité annuelle. L’objectif est clair : stimuler le tourisme intérieur et la consommation, deux secteurs clés de l’économie, fragilisés par les restrictions liées à la pandémie.
Deux stratégies, une finalité commune
Si les moyens diffèrent, l’objectif reste identique : augmenter les recettes publiques. La France mise sur un temps de travail accru pour générer des revenus directs, tandis que la Chine parie sur une augmentation de la consommation pour élargir sa base fiscale. Ces deux stratégies reflètent des priorités économiques distinctes, adaptées aux contextes locaux.
En France, le débat autour de l’augmentation du temps de travail demeure houleux, révélant des clivages profonds sur la manière de financer les dépenses publiques. En Chine, la mesure semble mieux acceptée, car elle s’inscrit dans une tradition de récupération des jours fériés, tout en répondant à la nécessité de relancer la consommation domestique.
Dans les deux cas, ces choix mettent en lumière les défis auxquels les gouvernements font face pour concilier croissance économique, fiscalité et acceptabilité sociale. Reste à savoir quelle approche portera ses fruits à long terme.