Pour renforcer le financement de la branche autonomie de la Sécurité sociale, des parlementaires suggèrent de supprimer un deuxième jour férié. Le ministre de l’Économie, Antoine Armand, a décrit cette idée comme « une piste parmi d’autres », ouvrant ainsi un débat qui divise.
La question se pose : les Français devront-ils travailler un jour de plus, sans compensation, pour soutenir le système social ? La proposition de créer une seconde journée de solidarité, soutenue par certains sénateurs républicains, prend de l’ampleur alors que le Sénat s’apprête à examiner le projet de loi de financement de la Sécurité sociale, mercredi 13 novembre.
Une mesure pour financer l’autonomie
Instituée en 2004 après la canicule de 2003, la première journée de solidarité permet de financer en partie l’autonomie des personnes âgées grâce à une contribution des employeurs de 0,3 % de leur masse salariale. En 2022, cette contribution a rapporté 2,4 milliards d’euros. Malgré cette collecte, la caisse de l’autonomie a enregistré des recettes de 41,8 milliards d’euros l’an dernier, largement dominées par les contributions de la CSG.
Des réticences chez les partenaires sociaux
L’idée d’une seconde journée de solidarité n’est pas nouvelle. En 2019, Laurent Vachey, inspecteur général des finances, l’avait déjà explorée, notant toutefois des effets incertains sur l’économie et l’emploi, ainsi qu’une opposition des partenaires sociaux. Malgré ces réserves, la commission des affaires sociales du Sénat a relancé la proposition en septembre dans un rapport sur les Ehpad, soulignant que cette mesure pourrait renforcer les financements dédiés aux établissements médicosociaux.
Une alternative à la hausse des cotisations patronales
L’idée a également été reprise par d’autres parlementaires, notamment centristes, et soutenue par des personnalités comme l’ancien ministre Gérald Darmanin. Cependant, cette proposition ne fait pas consensus. « La journée de solidarité ne fait pas l’unanimité au sein du groupe », confie une députée d’Ensemble pour la République. Le gouvernement, de son côté, reste attentif aux discussions parlementaires et favorable à une réflexion ouverte, selon les propos récents du ministre du Budget, Laurent de Saint-Martin.
Quelle journée serait concernée ?
La France compte onze jours fériés, un nombre relativement élevé en Europe. Bien que les détails ne soient pas encore fixés, certaines associations, comme Le Souvenir français, ont réclamé de préserver des dates symboliques telles que le 11-Novembre, commémorant les morts pour la France. Le Premier ministre Michel Barnier a également affirmé son attachement à cette date, écartant sa suppression.
Un impact économique limité, selon les experts
Aujourd’hui, les entreprises peuvent répartir les heures de la première journée de solidarité comme elles le souhaitent, que ce soit en déduisant des RTT ou en planifiant un jour travaillé supplémentaire. Toutefois, des critiques se font entendre, notamment à gauche et dans les syndicats, qui dénoncent une charge supplémentaire pour les travailleurs sans impliquer les revenus financiers ou les dividendes.
Pour l’économiste Mathieu Plane, de l’Observatoire français des conjonctures économiques, l’impact économique d’une seconde journée de solidarité serait modeste et pourrait coûter politiquement. « Supprimer un jour férié est moins douloureux qu’une augmentation des cotisations ou des impôts, mais cela reste une solution de trésorerie de court terme », conclut-il.