Malgré la tourmente politique liée à une motion de censure largement votée le 4 décembre, la Bourse de Paris affiche une performance positive ce jeudi. Suivant l’élan des records observés à Wall Street et sur le marché des cryptomonnaies, l’indice phare français, le CAC 40, progresse de +0,65 %, atteignant 7 351,00 points à 10 heures.
Cette résilience contraste avec la réaction des marchés en juin dernier, après l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale. À l’époque, le CAC 40 avait chuté de -2,37 % à l’ouverture, effaçant en une semaine 6,23 % des gains accumulés depuis le début de l’année.
Des écarts de taux stables malgré les incertitudes
Les écarts de taux entre la France et l’Allemagne se sont légèrement réduits cette semaine, s’établissant à environ 0,82 %, selon Alexandre Baradez, analyste chez IG France. Cette situation reflète un relatif apaisement sur les marchés, notamment grâce à la perspective d’une nomination rapide d’un nouveau Premier ministre et à l’absence de blocages politiques majeurs dans les déclarations des partis.
Cependant, Baradez met en garde : cette réaction du marché pourrait relever d’une « chasse aux bonnes affaires », alors que les actifs français ont déjà été lourdement dévalués ces derniers mois. Une prudence partagée par Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote Bank, qui juge cette situation inhabituelle : « Il y a des moments où la réaction des marchés semble déroutante. Aujourd’hui en est un. »
Des perspectives économiques fragiles
Malgré cette reprise apparente, les perspectives économiques pour la France demeurent incertaines. Selon l’agence de notation Moody’s, la chute du gouvernement pourrait compliquer la consolidation des finances publiques et accentuer l’impasse politique actuelle, un facteur potentiellement négatif pour la note de crédit du pays.
Maxime Darmet, économiste chez Allianz, prévient qu’un report du budget 2025 pourrait entraîner une prolongation des mesures actuelles, augmentant le risque d’un déficit public supérieur à 5 % du PIB l’année prochaine. Les agences Moody’s et Fitch, qui avaient déjà abaissé la perspective de la note française en octobre, pourraient réagir rapidement à cette instabilité.
Wall Street et Bitcoin en plein essor
Pendant ce temps, la Bourse de New York continue de battre des records. À la clôture de mercredi, les principaux indices affichaient des hausses significatives : +0,69 % pour le Dow Jones, +1,30 % pour le Nasdaq, et +0,61 % pour le S&P 500. Ces performances sont soutenues par les valeurs technologiques et les spéculations autour d’une possible baisse des taux par la Réserve fédérale américaine (Fed) en décembre.
Le Bitcoin, de son côté, a franchi un nouveau cap en atteignant un record historique de 103 800,44 dollars ce jeudi. C’est la première fois que la cryptomonnaie dépasse la barre des 100 000 dollars, une progression alimentée par l’annonce de Donald Trump de nommer un partisan des cryptomonnaies à la tête de la SEC, l’autorité américaine de régulation des marchés financiers.
Les marchés asiatiques en ordre dispersé
En Asie, les performances des marchés sont plus contrastées. Les tensions commerciales sino-américaines continuent de peser sur les Bourses chinoises, où l’indice Hang Seng perdait -1,18 % et l’indice composite de Shanghai cédait -0,09 %. Seule Shenzhen enregistrait une hausse modeste de +0,39 %. Les investisseurs restent en attente de potentielles mesures de relance de Pékin prévues la semaine prochaine.
En Corée du Sud, l’indice Kospi a reculé de -0,90 %, impacté par une crise politique locale liée à la proclamation temporaire de la loi martiale par le président Yoon Suk Yeol, lui-même menacé de destitution.
Un équilibre précaire
Malgré des signaux positifs sur certains marchés, l’environnement économique et politique reste marqué par des incertitudes importantes. Si les investisseurs semblent pour l’instant ignorer les turbulences en France, la prudence reste de mise face aux défis structurels et aux réactions imprévisibles des agences de notation.